À travers ses gravures, Claire Borde questionne la fragilité des instants et des choses. L’air et l’eau ont une place centrale dans ses travaux car ce qui l’intéresse plus que tout, c’est l’insaisissabilité. Dans chacune de ses œuvres, l’espace est ouvert, et les couleurs claires et lumineuses n’y sont délimitées par aucun trait. Ainsi, les notions de fluidité et de transparence se détachent immanquablement de ses gravures, et nous sommes happés par l’élégance et la poésie des compositions.
C’est à Chazelles-sur-Lyon, dans son lumineux atelier, que Claire Borde s’adonne à la gravure en taille-douce. C’est un procédé très délicat : la matrice en métal, préalablement gravée, retient l’encre de couleur (une encre spécifique respectueuse du papier). Puis, vient l’essuyage de la plaque au papier de soie en plusieurs étapes, plutôt de l’ordre de l’effleurement. Il permet d’enlever l’encre laissée sur les surfaces non gravées sans supprimer celle entrée dans les tailles. Claire passe ensuite à l’impression : un papier au degré d’humidité assez précis est posé sur l’ensemble, l’encre y adhère grâce à cette humidité et à la pression de la presse que Claire actionne à l’aide d’une roue (parfois jusqu’à 1 tonne de pression par cm² !).
Dans la série des Contrepoints, les lignes se perdent et on croit y deviner un paysage, un cours d’eau… La lumière provient des couleurs elles-mêmes : blancs vaporeux, jaunes miroitants, nuances très fines dans les teintes sombres…